
Le service de streaming (ou vidéo à la demande) illimité Netflix est disponible en France depuis le 15 septembre. 100 000 personnes se seraient abonnées durant les deux premières semaines. Un chiffre à tempérer, chaque nouvel abonné se voyant offrir un mois d’essai gratuit. Pas bégueule, Le Kulturiö en a bénéficié, et vous raconte son expérience de visionnage. Netflix justifie-t-il une dépense de l’ordre de 10 euros par mois ?
Tout d’abord, tendez l’oreille et cliquez sur lecture ci-dessous. On vous explique en deux minutes chrono en quoi le streaming illimité consiste. Et pourquoi l’arrivée de l’Américain Netflix a réveillé un marché français jusqu’ici aussi dynamique qu’une tortue euthanasiée.
Voici comment s’est déroulé le mois gratuit de test. Nous avons opté pour l’abonnement à 8,99 € par mois, qui permet de regarder films, séries, documentaires, d’une part en qualité haute définition (HD), et d’autre part sur deux écrans simultanément. On peut aussi se contenter d’un abonnement à 7.99 € (1 écran, image SD), ou s’offrir celui à 11.99 € : 4 écrans, image HD & ultra HD.
Le service est sans engagement (comme le concurrent français, Canal Play), mais on doit renseigner son numéro de carte bleue pour accéder au mois gratuit, auquel chaque nouvel abonné a droit.
Alors pourquoi avoir pris l’abonnement « deux écrans simultanés » ? Non pas qu’on soit doué du don d’ubiquité, mais il est possible de créer jusqu’à cinq comptes avec le même abonnement Netflix. Un pour soi-même, un pour les enfants (expurgé des contenus violents), un pour votre conjoint(e)…
Quel intérêt, me direz-vous ? Il est possible de renseigner très précisément ce qu’on aime sur Netflix. Pour se voir mieux suggérer d’autres contenus, parmi le catalogue ou au travers des suggestions de vos amis Facebook. Pas vraiment utile après un mois d’utilisation, mais sur le moyen/long terme, ça doit faire son petit effet.

À noter également : les épisodes de série que l’on arrête en cours de route sont repris à la seconde près. Et ce, quelque soit l’appareil dont on sert pour reprendre la lecture. Exemple : je commence la lecture d’un épisode de Modern Family dans le train avec mon smartphone et je finis à la maison avec l’ordi. Le Kulturiö a testé le service sur trois appareils : ordinateur portable, console Xbox 360, et smartphone Galaxy S3 tournant sous système d’exploitation Android.
Sur les six semaines de découverte du service, on a constaté après des dizaines d’heures de visionnage, que techniquement, ça tient plutôt la route. L’image passe toute seule en haute définition, au bout de quelques secondes.
Sans être éblouissant, le son ne crachote pas comme sur une vidéo mal décompressée. Niveau fluidité, pas de ralentissements au programme, que ce soit avec une connexion wifi lambda à domicile, via l’ordinateur ou la console de jeux.
Deux petits « bugs » constatés
Même sur le téléphone portable en 3G, le programme suit son cours sans s’arrêter. Deux petits « bugs » constatés toutefois. Un décalage entre le son et l’image sur le dessin animé Bojack Horseman, rendant toute vision impossible. Le défaut s’est toutefois corrigé de lui-même, après un unique dysfonctionnement.
Plus agaçant : La lecture qui se met en pause toute seule, ce qui est arrivé à chaque utilisation du service (deux heures de visionnage en moyenne).
La navigation sur le site est simple et intuitive. On découvre vite comment créer des listes de lecture, pouvoir accéder au dernier programme regardé en un clin d’œil…
On paramètre une fois ses préférences, notamment pour la VF/la VO, et il suffit d’appuyer une fois sur lecture et se caler dans son fauteuil. Pour les séries, et c’est appréciable, les épisodes s’enchaînent, dans le (bon) ordre.
Un respect de l’œuvre originelle semblant évident, mais que les chaînes de télévision françaises sont le plus souvent incapables de respecter. Si vous téléchargez illégalement des séries (bouuuh) vous avez sûrement déjà galéré à chercher un épisode manquant, des sous-titres, à vous maintenir au courant des périodes de diffusion…
C’est ce confort, ce gain de temps dans l’expérience utilisateur qui peut motiver à payer un abonnement de ce genre.
L’autre grande raison, c’est évidemment le catalogue. Niveau cinéma, l’offre est plutôt faiblarde, que l’on parle de Netflix ou de son principal concurrent Canal Play. La loi dite de « chronologie des médias » interdit en effet toute diffusion d’une œuvre sortie depuis moins de trois ans. Pire : très peu de grands succès de l’histoire du cinéma, récente ou non, sont disponibles. On trouvera en revanche – maigre compensation – quelques films jamais sortis officiellement chez nous. En novembre sur Netflix, deux films pas inintéressants avec Jessica Chastain et Bill Murray au programme.
Pour les séries TV, Netflix est meilleur que son principal concurrent français, Canal Play. L’Américain est en effet le seul diffuseur, pour l’instant, à produire ses propres séries : Orange is the new black, Bojack Horseman, Hemlock Grove… Au mois de décembre, une série en douze épisodes sur la vie de Marco Polo débarque. Une série politique nommée Marseille et tournée en France verra également le jour chez le diffuseur américain.
Entre ces créations originales, les classiques des années 2000 (ceux qu’on veut revoir et dont on hésite à acheter le coffret), quelques séries françaises, d’autres jamais diffusées en VF… le fonds est plutôt fourni.
Loin de la « chaîne ultime de télévision »
Vous avez loupé Buffy contre les vampires, Fais pas ci fais pas ça, Dr Who, Breaking Bad, Un village français, Dexter ? Elles sont disponibles sur Netflix.
Pour revoir Lost ou 24 h chrono, découvrir House of Cards, il faudra en revanche se tourner vers le concurrent Canal Play.
Enfin, on retrouve sur Netflix quelques vieux documentaires ressortis du tiroir : Les cuistots français font des sushi au Japon, Steve Jobs contre Bill Gates, La vie d’une ex-actrice américaine de porno…
Pour résumer, on est encore loin de la chaîne ultime de télévision, où l’on pourrait regarder tout ce qui nous passe par la tête juste en inscrivant le nom dans un moteur de recherche. Beaucoup de programmes récents pour enfants sont néanmoins disponibles sur Netflix : un plus, sans être vraiment un argument.
Alors qui trouvera son bonheur sur ce service ? Le fan de séries (qui a dit « anglo-saxonnes » ?), celui qui aimerait s’y mettre mais se refuse à télécharger, celui qui s’est déjà mis et veut arrêter de télécharger. Ceux qui ne regarderont les programmes que sur leur télévision préféreront sûrement Canal Play, seul diffuseur, pour l’instant, à être disponible sur toutes les box Internet françaises.
La chronique audio au début de ce billet a été originellement diffusée sur Radio C2L. Écriture, présentation : Jérôme Perrot. Mixage : Jean-Baptiste Cassou.
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