Trauma Visionnage | Rec 4, le niveau zéro du film d’horreur

Dans la vie, il y a des phénomènes immuables : le flux et le reflux des vagues, le soleil qui se couche… et les suites lamentables données aux succès du cinéma. Tous ces évènements récurrents nous rappellent que la Terre est bien ronde et que des crétins marchent dessus pour avoir des idées pareilles. Dans cet ordre d’idée, les films d’horreur calamiteux présentés depuis le début du millénaire dans les salles obscures sont-ils annonciateurs d’une apocalypse bien méritée pour nous autres, pauvres mortels ?

Déjà 6 ans, 6 mois, 6 jours, 6 heures et 6 secondes que la dernière manifestation de la Bête (ou de la bêtise ?) a eu lieu sur une pellicule. Je veux parler du film espagnol Rec 4 : Apocalypse. Soit le quatrième épisode de cette saga de films de zombie, dont le point de départ est la contamination par des morts-vivants d’un immeuble de la classe moyenne de Barcelone. Bande-annonce de cette quatrième itération ci-dessous :

L’héroïne, la journaliste télé Angela Vidal, est la seule survivante de cette boucherie qui ferait passer Jambon jambon pour un film végétarien. Ni une ni deux, la belle Espagnole est mise en quarantaine sur un cargo. Mais ce que ses ravisseurs ne savent pas, c’est qu’elle porte le mal… (Nous, on le sait parce qu’on est pas trop cons parce qu’on a vu Rec 2 et qu’on a survécu à l’insipide Rec 3).

« Au secours, je suis coincée sur un navire russe tout rouillé et dans un mauvais film d’horreur ! »

Dévorés par des monstres, écrabouillés par des fantômes
Dans le premier volet de Rec, sorti en 2007, les évènements étaient filmés en caméra à l’épaule, avec une image sale et tremblante, selon le principe du found-footage (littéralement « enregistrement trouvé »). Né dans le cinéma expérimental des années 50, ce parti-pris filmique a donné une seconde vie à des pellicules souvent poussiéreuses en les incluant au sein d’autres long-métrages. Traité de bave et d’éternité, d’Isodore Isou, fait par exemple scandale à Cannes en 1951.

Puis le procédé connaît une seconde vie avec les films d’horreur. Avec le ragoûtant Cannibal Holocaust tout d’abord, en 1980, puis dans Le Projet Blair Witch, en 1999, qui popularise le procédé.

Proverbe espagnol : « Le zombie marin a pour lui d’être taquin… et surtout on y comprend rien. »

Après, c’est l’avalanche. Paranormal Activity, Cloverfield, Chronicle, VHS… pour ne citer que les meilleurs films, usent et abusent du procédé. Dans ces long-métrages, les pellicules retrouvées par des équipes de tournages dévorées par des monstres ou écrabouillées par des fantômes deviennent de vraies-fausses images témoignant d’une incroyable vérité. La technologie, censée être l’alliée de l’homme, est ici avec le found-footage le révélateur de l’horreur. Le témoin muet – et de fait quasi consentant – de l’irruption du fantastique.

Mais point de found-footage dans ce nouvel épisode de Rec (Attention : la suite de ce texte contient des SPOILERS).
Comme dans l’exécrable troisième épisode de la saga, le canevas du found footage, ne garantissant certes pas un bon film, a été abandonné. Après la séquence d’ouverture dans le vieil immeuble de Barcelone, le reste de l’intrigue se déroule en pleine mer sur un cargo, où l’héroïne est placée dans un quartier de haute-sécurité.

Vous l’avez déjà deviné ? Les ravisseurs de l’héroïne, tentent d’isoler le virus pour créer un antidote. Militaires ? Mercenaires ? Méchants ? Gentils ? Jouent-ils sur deux tableaux ? Le spectateur ne le sait jamais. Pire : ON S’EN FOUT. ça vous est déjà arrivé de NE PAS VOULOIR EN SAVOIR PLUS sur les méchants d’un film ? Curieux exploit réalisé par Rec 4, qui bat des records de platitude pour un film d’épouvante à suspense.

Magie du septième art : le film qui provoque un blackout complet
Ce long-métrage est l’un de ceux qu’on oublie instantanément une fois visionné. Lisse, laid, rugueux, et immangeable comme un avocat pas assez mûr. Comment Jaume Balagueró, maître du cinéma d’horreur espagnol (La secte sans nom, Darkness, Malveillance)  a pu réaliser une immondicité pareille ?

Rappelons que le spectateur est mené en bateau depuis quatre films pour découvrir l’origine du virus de la saga. La mythologie développée autour du Diable de la religion catholique tenait pourtant la route. Raté, le sous-sous Ian Holm mâtiné d’Alan Alda (ci-dessous), chef des militaires, plus gros poisson du film, n’est qu’un sous-fifre rébarbatif au possible.

Héctor Colomé, le Jean-Michel des méchants de film d’horreur. « Moi je… » -« Ouais mais non. Ta gueule. »

Que sait-il ? A qui obéit-il ? Quel est son but ? Non mais on s’en fout en fait. C’est mieux quand il la boucle, il parait déjà plus crédible. Pas étonnant, l’acteur Héctor Colomé qui incarne le chef des militaires a autant de charisme qu’un pain de savon.  J’imagine de là le metteur en scène, tout excité, « Allez Jean-Michel, on va commencer tes scènes, alors rappelle-toi, tu joues un complotiste énigmatique ». On a surtout l’impression qu’il a pris de la coke le méchant tout mou.

Il se passe rien sur ce bateau de toute manière. Les zombies s’échappent trop facilement, et ne font même pas peur. Pas étonnant vu qu’au bout de 30 secondes de film on en voit déjà trois en gros plan, mal filmés et qui égorgent des soldats totalement débiles.

PLOT TWIST : « Ce se serait vraiment la merde s’il arrivait quelque chose ! »
Empêcher l’éradication de l’humanité par les zombies, c’est pas censé être, genre, une lourde tâche ? Pour mener à bien cette mission de sauvetage, les ravisseurs de la journaliste Angela Vidal disposent d’un labo scientifique avec des microscopes pour enfant, surveillé par douze soldats et demi (ce nombre désigne aussi leurs neurones réunis). Si vous voulez créer un huis-clos, faites le bien. Pas besoin d’appeler le monde à la rescousse à chaque fois.

Le manque de talent dans le film fait peine à voir. Caricatures digne d’un teen movie américain, rebondissements inexistants, intrigue cousue de fil blanc, dialogues à gros sabots. Extrait :

« Et vous savez quoi les mecs ? On a aucun canot de sauvetage et pas de radio. Ce serait vraiment la merde s’il arrivait quelque chose !! ».

OUI ON A COMPRIS QUE C’ÉTAIT UN FILM D’HORREUR MERCI ! Certes le long-métrage d’épouvante, plus que d’autres genres, repose sur des codes, mais ça n’empêche pas respecter le spectateur. De ne pas le prendre pour un imbécile, à qui il suffirait des effets sanglants réussis pour passer un bon moment.

Non seulement le scénario est lamentable, mais la mise en scène et les mouvements de caméra échouent totalement à créer l’angoisse, à nous donner l’impression d’être en danger… Allez, un effort quoi ! C’est quoi l’intérêt de situer l’action sur l’eau dans la film d’horreur si la mer n’est pas personnifiée comme un danger ? Quasiment aucune scène ne se déroule en extérieur…

« Allez du nerf, là c’est plus possible on l’emmène de force sous la douche ce crado ! »

Qu’ajouter, sinon que dans la scène finale ce film à gros sabots, Angela est poursuivie par une meute de singes. Quel climax.

Censé être le dernier épisode de la saga (spectateur, tu voulais des réponses ? Tu peux te les fourrer dans l’œil), Rec 4 propose une jolie pirouette au bout de l’ennui. Une fin ouverte qui laisse augurer d’un cinquième épisode…avec des poissons zombies. Hâte de voir ça ! Non, je déconne.

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