Témoignage exclusif de Verlaine, BHL, Coppola et Bertrand Cantat : « J’ai encore rêvé d’elle »

« Ouais non, là ça va pas être possible… »

Je fais souvent ce rêve étrange et pénétrant
D’une femme inconnue, et que j’aime, et qui m’aime
Et qui n’est, chaque fois, ni tout à fait la même
Ni tout à fait une autre, et m’aime et me comprend.

Comme l’attestent ces quelques vers célèbres, Paul Verlaine changeait souvent ses draps passait visiblement des nuits agitées. Dans le poème « Mon rêve familier », la femme est identifiée comme l’objet du désir. Et la poésie est le moyen d’y parvenir. L’auteur des Poèmes saturniens était loin d’être le seul.

Certains le disent avec des mots simples : J’ai encore rêvé d’elle, par le groupe Il était une fois. Cette chanson de 1975 est tournée en dérision, dans la vidéo ci-dessous, par les humoristes Les Frères Taloche.

Parvenir à retranscrire le feu des reins et autres déraillements de l’âme, c’est pour l’artiste en général une autre manière de s’approprier l’être convoité.
L’acte de création n’est-il pas lui même personnifié par une rencontre avec la muse, gardienne des arts ?

Derrière ce prête-nom issu de la mythologie grecque, qui désigne les neuf filles de Zeus et de Mnémosyne, on devine les charmes mystérieux de l’inspiration… si ce n’est de la rencontre.

Le cinéaste Francis Ford Coppola a une manière plus prosaïque de l’exprimer.

Si tu t’assieds chaque jour à un bureau, ta muse saura où te trouver.

De ces obsessions libidesques (voire libidineuses) et sentimentales, des ratages complets sont nés, comme tous les films de Bernard Henri-Lévy avec Arielle Dombasle. Exemple ci-dessous avec Le jour et la nuit (1997),  sans conteste l’un des plus mauvais long-métrages de tous les temps.

Le désir chez l’artiste fut aussi heureusement l’occasion de magnifiques portraits de femmes : le roman La morte amoureuse de Théophile Gautier (1836), le film La comtesse aux pieds nus de Joseph L. Mankewicz (1954), la chanson Lolita nie en bloc de Noir Désir (1992), le film Marie-Antoinette de Sofia Coppola (2006)…

Le Kulturiö n’entend pas être exhaustif sur le thème, loin s’en faut. En la matière, il y a un foule de découvertes littéraires, cinématographiques, musicales à faire.

Signalons toutefois deux ouvrages récents.

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Un recueil de textes en petit format, Le goût des femmes (Mercure de France, collection Le petit Mercure). Des chimères de Nerval à celles de Claude Simon, des cons de Pierre Louÿs au sein de Philippe Roth, de la sorcière de Michelet à la mégère de Shakespeare, l’éditrice Elsa Gribinski propose une anthologie de genre, en cent pages à peine.

De quoi aiguiller vos futures lectures, avec des textes très originaux (que vous n’auriez pas eu le courage de chercher tout seul, avouez-le). Ovide, Paul Claudel, Pierre Michon sont de la partie. A noter que Mercure de France fait ici la promotion des auteurs qu’elle édite. Pas très fair play, mais bon.

Une bande dessinée de Jean Dytar (Delcourt/Mirages), qui nous plonge dans la haute société vénitienne, La Vision de Bacchus. « Seriez-vous capable d’incarner, par les pouvoirs de la peinture, la grâce absolue d’un être ? », c’est le défi lancé par un riche mécène au peintre Giorgione.

A Venise, en 1510, cet artiste qui a réellement existé est sur le point de mourir de la peste. Il jette ce qui lui reste de forces dans un ultime tableau.

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En même temps que le lecteur, le peintre va découvrir l’extraordinaire aventure picturale et humaine du maître illustre qui, sans le savoir, a déterminé sa vocation : Antonello de Messine.

Le désir transformé en œuvre prend des chemins surprenants dans cette BD couronnée du prix Cheverny de la BD historique au festival Les Rendez-vous de l’Histoire de Blois. Très bien documentée sur son époque, sur les bouleversements de la peinture du XVe siècle, on passe un excellent moment.

Découvrez pour vous faire une idée plusieurs extraits commentés par l’auteur, Jean Dylar.

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