Le Hobbit : fin de saga au bout de l’ennui

La meilleure scène du film est sans conteste son introduction. Smaug attaquant le village, cela aurait dû normalement être le bouquet final du deuxième volet.
La meilleure scène du film est sans conteste son introduction. Smaug attaquant le village, cela aurait dû normalement être le bouquet final du deuxième volet.

Des nains, un hobbit, un magicien : l’équipée d’aventuriers partis à la conquête du royaume d’Erebor est parvenue au bout de son voyage. Déjà, la mission de Bilbo, oncle du héros du Seigneur des Anneaux Frodon, touche à sa fin… Rappelez-vous, on avait laissé, à la fin du deuxième volet, le hobbit et le dragon Smaug assis sur son tas d’or, au cœur de la Montagne Solitaire.

A l’issue d’un dialogue d’anthologie, la créature ailée décidait d’aller griller quelques humains dans la cité de Lac-ville, pour passer ses nerfs. C’est cette séquence qui ouvre le film, et elle est particulièrement réussie. Seulement voilà – c’est très pénible à écrire quand on aime cet univers et ce que Peter Jackson en a fait – mais c’est aussi la seule scène du film qui tienne à peu près la route. Les deux meilleurs personnages de la trilogie sont inexistants
Pendant ce temps là, les Nains, les Elfes, les Humains mais aussi les Wrags et les Orques menés par le Nécromancien, convoitent les richesses de la Montagne Solitaire. La bataille des cinq armées est imminente et Bilbo est le seul à pouvoir unir ses amis contre les puissances obscures de Sauron.

Notre pieds-poilus préféré et le Dragon ont hélas un rôle limité dans le dernier volet du Hobbit. Les autres personnages de cette nouvelle trilogie, censés ici reprendre le flambeau, sont plutôt insipides. Thorin, rongé par la fièvre de l’or, est insupportable. Ce qui aurait pu être intéressant avec son personnage est mal amené. Même si Evangeline Lilly est resplendissante, Tauriel n’est qu’un clone féminin de Legolas.

Bard, qui est un personnage ultra secondaire dans le livre, est (aussi) un clone de Legolas, mais en humain, et mal interprété par Lucas Ewans. Les nains, aussi valeureux qu’ils soient, n’arrivent pas à la cheville du Gimli du Seigneur des Anneaux. Ils sont même ridicules quand ils se battent. A supposer que chacun ait une force identique à Thor, leurs coups ne font qu’effleurer leurs adversaires.

Dans Le Hobbit - La bataille des cinq armées, on retrouve des nains dans toute leur splendeur : "L'or, il est à nous, et puis c'est tout".
Dans Le Hobbit – La bataille des cinq armées, on retrouve des nains dans toute leur splendeur : « L’or, il est à nous, et puis c’est tout ».

Concernant les têtes connues, Saroumane, Sauron, Gandalf, et autres Elrond, leurs scènes n’apportent pas grand chose, et tournent vite à la caricature. Quands elles ne tentent de raccrocher maladroitement l’intrigue au Seigneur des Anneaux, aussi gracieusement qu’un Ant qui ferait de la zumba sur la Montagne du destin.

La première moitié du film parvient à maintenir l’intérêt du spectateur, pourtant peu aidé par une bande originale rébarbative. Et puis les moments gênants s’enchaînent. Galadriel, Saroumane et Elrond en mode Power Rangers qui mettent la pâtée à des créatures du mal.

Un max de baston, et pas de scénario
Legolas qui ressemble à un Bruce Lee cocaïné et dodeline de la tête comme un Télétubbie en prenant des flèches dans son carquois. L’arrivée d’une douzaine de nains couards sur un champ de bataille… le tournant de la bataille, vraiment ?

Très vite une impression s’empare de nous : la gêne, sinon l’ennui. Il n’y a plus rien à raconter dans ce film vidé de sa substance. En clair : un max de baston, et pas de scénario. Plein de créatures à la beauté et au design fascinants, des trouvailles lumineuses dans la mise en scène des combats (qu’on vous laisse découvrir)… mais pas le petit supplément d’âme qui avait globalement fonctionné dans les cinq autres films de la saga.

De la lassitude aussi peut-être ? Peter Jackson ne pourra pas cette fois se retrancher derrière les codes de l’heroic fantasy. On s’emmerde dans ce troisième volet. Parfois, comme cette impression de regarder Star Wars : Episode III, du cinéma avec un héritage gênant qui empêche toute audace.

Des enjeux minables
Pour mémoire, Le Hobbit était à l’origine prévu en deux parties pour le cinéma. C’eût été plus judicieux. Ne reste, pour ce troisième volet, qu’une bataille à livrer dont les enjeux sont…euh…minables. Pas étonnant, le livre, conte philosophique, n’a jamais été basé sur ces derniers.

La vérité, c’est que la « seigneur-des-anneaux-isation » du Hobbit atteint sa limite critique avec ce dernier épisode. Où est passée la légèreté, la naïveté, la simplicité qui faisait de Bilbo Le Hobbit un livre si spécial ? Le scénariste Carlo Rim, cité par François Truffaut, aimait à dire :

L’adaptation honnête est une trahison.

Le Kulturiö le pense aussi. Mais trahir n’est pas bonifier. Et le sentiment désagréable que procure la vision de ce dernier épisode, ne signifie pas non plus jeter aux orties tout ce que nous avons aimé de la Terre du Milieu.

"J'aurais dû jouer dans la trilogie d'avant... je le savais..."
« J’aurais dû jouer dans la trilogie d’avant… je le savais… »

En salles. Durée : 2 h 24.

Pourquoi vous irez (peut-être) voir Le Hobbit – La bataille des cinq armées

  • Parce que visuellement, c’est splendide. Le savoir de Peter Jackson et de son équipe ne se dément pas de ce côté là. Même si ce dernier film ne nous fait pas vraiment voyager : tout se déroule autour de la Montagne solitaire. La bataille finale, qui dure bien une heure et demie, reste d’excellente qualité.
  • Pour goûter à la 3D HFR (High Frame Rate). Le cinéma en 3D est généralement une expérience décevante, et qui fait mal aux yeux. Pas pour la trilogie du Hobbit. Une technologie visuelle inventée spécialement pour cette série de films ajoute à l’effet de perspective une projection en 48 images par seconde. Ne passez pas à côté de la séance en lunettes 3D, le cinéma redevient ce qu’il était à l’origine, entre les mains des frères Lumière : une attraction de foire.
  • Pour boucler la boucle. Même si ce dernier épisode est franchement loupé, il laisse derrière lui cinq fresques issues d’un matériau littéraire ultra-riche, avec d’audacieux choix d’adaptation, de découpage… ça fait un léger pincement au cœur tout de même.
  • La Bataille des cinq armées sera sûrement, au cinéma, le dernier voyage en Terre du Milieu. Les descendants de J.R.R. Tolkien détestent ce qu’est devenue l’œuvre de leur ancêtre au cinéma, et ne vendront pas les droits de ses autres livres. A moins d’un énorme chèque…
    Plusieurs ouvrages de l’universitaire britannique seraient pourtant susceptibles d’être adaptés, comme Le Silmarillion, qui raconte la genèse de la Terre du Milieu.

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