
Puristes de l’opéra, fuyez ! Ce soir, lundi 27 avril, 20 heures au Zénith de Caen, Chanel Styx vous propose, « L’OPI show », sa dernière télé-réalité à la mode. Une Île de la Tentation sauce opéra-bouffe, avec des Dieux satyres prêts à venir piquer les petites copines de ces vermisseaux d’humains. Le Kulturiö a assisté à la seconde représentation de cet ovni lyrique, dans une salle de spectacles plus habituée au Cirque de Chine et à Eddy Mitchell.
En guise de Nikos Aliagas, pour nous guider pendant les 2 h 40 du spectacle (entracte comprise), l’Opinion Publique personnifiée. Une présentatrice star prête à toutes les compromissions pour pimenter la relation de couple entre le musicien bellâtre Orphée et la Nabilla de service, Eurydice.
Le roi des Enfers, Pluton, charmé par la demoiselle, va s’en mêler.
En ce moment, je joue pas mal à Candy Crush, j’en suis au niveau 666,
se marre la divinité, téléphone portable en main.
Derrière ce pitch riche en anachronismes (et en humour), une version modernisée et raccourcie d’Orphée aux enfers, opéra-bouffe bien connu de Jacques Offenbach. À découvrir ce soir dans la cité caennaise (Calvados), en moyenne pour trente euros.
Une prouesse pour un tel spectacle, rassemblant plus de 100 personnes costumées sur scène, et le triple autour. Garder une qualité élevée dans l’interprétation, les costumes, la direction artistique… à prix réduit : c’est une des missions de La Fabrique de l’Opéra, qui a mis sur pied le spectacle.
Cette franchise associative chapeaute la production d’opéras coopératifs partout en France : Annecy, Grenoble, Levallois, Marseille, Orléans… Dans chaque ville, professionnels et amateurs travaillent main dans la main à la production de spectacles. Toutes les bonnes volontés locales, scolaires et bénévoles sont impliquées dans la conception, des coiffeuses jusqu’aux hôtes d’accueil du public dans la salle.
À Caen, quatre cents jeunes de 16 à 22 ans ont contribué à une production astucieuse et à la bonne humeur communicative. L’amateurisme est bien sûr palpable (sauf chez les chanteurs et chanteuses) mais l’opéra-bouffe est le royaume de l’incongru.
Les quelques couacs de danse, de costumes, de technique… ne gâchent en rien cet opéra qui bouge, à la scénographie proche d’une comédie musicale. Audacieuse dans l’utilisation de la vidéo comme dans les aménagements apportés au texte et à la musique originale.
Orphée, star antique
Penchons-nous un peu sur le personnage qui donne son titre à cet opéra-bouffe du Français d’origine allemande Jacques Offenbach (1819-1880). Héros de la mythologie grecque, Orphée n’est pas un inconnu. Coutumier des liftings d’intrigue. Il a notamment été incarné au cinéma dans des versions modernisées par Jean Marais ou Francis Huster (si si).
Le 21 octobre 1858, Orphée aux enfers est joué pour la première fois, dans la France de Napoléon III. La liberté d’expression est toutefois en expansion, notamment dans la presse avec des caricaturistes comme Honoré Daumier. Les références à l’actualité ou à l’Histoire dans les spectacles, que l’on réécrit de semaines en semaines, font déjà hurler de rire les spectateurs.
Opération séduction
Le compositeur de La vie parisienne, Jacques Offenbach, se complait dans ce rôle. Il incorpore les premières notes de La Marseillaise dans une mélodie. Scandale.
Aujourd’hui en 2015, rien de tout ça. Mais l’art lyrique a besoin de retrouver un vent de liberté pour séduire un plus vaste public. Et le choix d’une télé-réalité comme cadre d’un spectacle sur des gens aux mœurs légères est vraiment judicieux.
- Opéra d’Hector Crémieux et Ludovic Halévy, sur une musique de Jacques Offenbach créé le 21 octobre 1858 au théâtre des Bouffes-Parisiens. Mis en scène par Philippe Bombled et dirigé par Didier Horry. Chœur et orchestre universitaire régional.
Dernière représentation, ce lundi 27 avril à 20 heures. Vous pouvez acheter vos tickets directement au guichet du Zénith de Caen, 6 rue Joseph Philippon, ou directement en ligne.