Cinéma | Le grand détournement, et après ?

Qui n’a pas vu La Classe américaine ? Près de trente ans après sa première diffusion, le film clandestin de Michel Hazanavicius et Dominique Mézerette est devenu un monument de la comédie française, dont l’humour ravageur rend nostalgique des années Canal + ou des loufoqueries des ZAZ (Il y a-t-il un pilote dans l’avion ?). Vous pouvez même retrouver l’intégrale des dialogues et autres joyeusetés dans un livre sorti l’été dernier.

Attention ! ce flim n’est pas un flim sur le « cyclimse ». Merci de votre compréhension.

Un mash-up hilarant
J’aime pas trop les voleurs et les fils de pute, je déteste les animaux préhistoriques partouzeurs de droite, et je vous propose de (re)découvrir ci-dessus cette pépite qu’est La Classe américaine. Il s’agit d’un mash-up hilarant des films Warner sortis entre 1952 et 1980 : Les hommes du président, Rio Bravo, Mad MaxLa Classe américaine, c’est l’histoire de Pétaire et de Stévaine, qui enquêtent sur la mort de l’homme le plus classe du monde, Georges Abitbol (John Wayne). Parce qu’il faut s’attendre à tout, le film incorpore aussi un extrait de L’inspecteur Maigret avec Bruno Crémer.

Avec les technologies d’aujourd’hui, le remploi d’images et de son dans un but créatif et critique s’est démocratisé. Le vidéaste français Mozinor est sans conteste l’un des plus doués au monde à s’en être emparé. L’histoire de l’appropriation et du détournement audiovisuels recèle bien des curiosités. Voici une sélection de films et courts-métrages particulièrement inspirés dans la discipline.

La dialectique peut-elle casser des briques ?

Déso pour la qualité, mais je me rattrape avec le film d’après !

Détournement humoristique assumé d’un film d’action taïwanais, ce long-métrage est transformé en farce politique où les prolétaires combattent les bureaucrates. Ce film de René Viénet de 1973 est entièrement détourné à partir du film hong-kongais Crush de Kuang-Chi Tu, sorti en 1972. Le dialogue contient de nombreuses allusions à des révolutionnaires anticapitalistes (Marx, Bakounine, Wilhelm Reich), et évoque au passage des thèmes contemporains : conflits syndicaux, égalité des sexes, mai 68, gauche française et les situationnistes eux-mêmes.

Outer space

Outer Space (1999) de Peter Tscherkassky est un film horrifique entièrement réalisé à base d’images du film L’Emprise (The Entity, 1982) de Sidney J. Furie. Certaines sont retravaillées de bien belle manière.

Kung Pow

Le film est disponible sur le Microsoft Store et Apple TV.

Kung Pow : Enter the Fist est un film de 2002 dont voici un extrait ci-dessus. Steve Oedekerk, réalisateur d’Ace Ventura en Afrique et scénariste de Bruce Tout Puissant, est aux manettes de ce long-métrage déjanté comportant de larges extraits du film hongkongais de 1976 Tigre indomptable. Le synopsis est digne des jaquettes les plus vulgaires de vieilles VHS de kung-fu, jugez plutôt : la légende dit que Bruce Lee a commencé son entraînement à l’âge de six ans. L’élu est réputé avoir commencé à s’entraîner alors qu’il n’était encore qu’un fœtus. Le légendaire Maître Méchant, malveillant maître du Kung-fu, ayant massacré sa famille, l’élu vit dans le but de venger la mort des siens…

Lily la Tigresse

C’est fou ce qu’on peut faire en post-synchronisation.

Premier film de Woody Allen en tant que réalisateur, Lily La Tigresse (What’s Up, Tiger Lily ?) est un film de 1966. Il détourne, remonte et post-double le film d’espionnage japonais de 1965 nommé International Secret Police: Key of Keys (Kokusai himitsu keisatsu: Kagi no kagi). Dans cette version, des agents secrets s’affrontent pour mettre la main sur une recette secrète de salade d’œufs.

A movie

Dans ce court-métrage expérimental, Bruce Conner critique la société de consommation à l’aide de fragments d’images ainsi détournés de leur sens originel.

Le premier film du cinéaste américain Bruce Conner date de 1958. Il détourne des séquences de films éducatifs, de séries B, de soft-porn et d’actualités, remontées sur un poème symphonique du compositeur italien Ottorino Respighi (Pini di Roma, 1924). La société de consommation et la spectacularisation du réel sont pointés du doigt, leur mise en scène par les médias de masse moquée par l’assemblage de fragments filmiques, volontairement décontextualisés. Saisissant de modernité.

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