Avoir du sang bleu », selon l’expression du XVIIIe siècle, c’est appartenir à l’aristocratie, le bleu étant la couleur symbolique de la royauté. La nouvelle série française de Netflix, qui se déroule en 1787 dans le royaume de France, prend cette formule au pied de la lettre. Alors que le peuple est affamé et que la révolte gronde, un jeune médecin, Joseph Guillotin, enquête sur des meurtres étranges. Il va découvrir la maladie du sang bleu, une épidémie qui se répand dans l’aristocratie et pousse les nobles à s’attaquer au peuple. Mais la hiérarchie établie s’apprête à être bouleversée et l’on suit, dans chaque camp qui fourbit ses armes, les préludes de la Révolution française.
Netflix invente « l’uchronie fantaisiste »
Le médecin Joseph Ignace Guillotin a réellement existé et son nom fut utilisé pour nommer la guillotine, inventée par Antoine Louis. Mais La Révolution n’est pas une reconstitution historique, loin s’en faut. Il s’agit bien une uchronie résolument fantaisiste, voire même WTF, mêlant l’authentique (un peu) au fantastique et à l’horreur (beaucoup).
J’avais de gros a priori avant de regarder cette série longue de huit épisodes (39 à 57 minutes). Cette histoire de France revisitée se révèle plutôt efficace et jolie visuellement, et c’est presque un miracle. Chassant sur les mêmes terres tricolores que Le Pacte des Loups, Assassin’s Creed : Unity ou Vidocq, la série signée Aurélien Molas et Gaïa Guasti n’a aucun complexe à tripatouiller le récit national pour nous offrir une pure production calibrée. Les coutures de ce récit d’aventures légèrement neuneu en sont forcément apparentes. En multipliant jusqu’à l’écœurement les références à Game of Thrones, L’Exorciste, Twilight, Penny Dreadful et autres The Walking Dead, La Révolution version TOU-DOUM apparaît comme un vrai fourre-tout.

Féminisme, complotisme et lutte des classes
C’est qu’il faut bien donner à manger au cahier des charges des productions Netflix, qui s’allonge dangereusement depuis la création du service de streaming. Si les programmes persistent à être créés sur la base d’algorithmes issus des préférences des spectateurs, on peut légitimement s’inquiéter pour l’avenir de la vision d’auteur sur cette plateforme.
Un exemple parmi tant d’autres dans La Révolution : des allusions complaisantes et pas franchement subtiles au féminisme, à la lutte des classes et au complotisme.

Outrancier, mais délectable
Reste que nous voilà face à un pur divertissement assumé qui oscille joyeusement entre la série B et la série Z. Un nanar outrancier, sans aucun doute, mais délectable. La période historique est fidèlement reconstituée, et malgré les dialogues modernisés, cette Révolution est un vrai feuilleton en forme de plaisir coupable. On sait qui va coucher avec qui au bout de deux minutes, le sang coule, les os craquent et on ne s’ennuie pas. Ajoutez à cela que les acteurs tiennent la baraque, Laurent Lucas et Amir El Kacem en tête. On retrouve aussi une Gaia Weiss (Vikings) inspirée en rebelle de la Fraternité. Un mot sur la musique enfin, il s’agit d’un mariage entre musique classique et electro qui rappelle les plus belles heures de Mozart : l’Opéra rock, mais illustre à merveille l’ambiance bordélique et généreuse de la série.

Le retour des sagas historiques ?
Au delà de ce sympathique pot-pourri, qui ressemble parfois à Bloody Mallory avec du fric, La Révolution confirme le retour des grands récits historiques non-contemporains sur les écrans, vingt ans après le succès surprise de Gladiator. Qu’il s’agisse d’histoire réinventée (Outlander, Kingdom) ou de reconstitutions (la future série allemande Barbares, le Napoléon à venir de Ridley Scott), les boulimiques d’Histoire vont avoir de quoi se sustenter dans les mois à venir !

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