TOP | Mes dix films préférés en 2024

Après une longue pause de publication, je reviens partager avec vous sur Le Kulturiö mes plus belles découvertes. Et quoi de plus réjouissant que de se retrouver avec un classement ciné, même si l’année dans les salles obscures n’a pas été extravagante ! Rien que pour s’en souvenir soi-même d’ici quelques années.

Voici donc mon Top 10, exigeant mais pas exhaustif, élaboré après avoir vu plus de quarante films sortis en 2024. Sans plus attendre et en démarrant par la dixième position :

10 | « Conclave », film américano-britannique d’Edward Berger


Le pape vient de décéder de manière inattendue et mystérieuse. Le cardinal Lawrence (incarné par Ralph Fiennes) est chargé de superviser le conclave qui permettra de désigner le successeur du défunt pontife, malgré ses réticences. Tourné en partie au Vatican, en partie dans une réplique de la chapelle Sixtine, Conclave propose un équilibre parfait entre thriller mouvementé et fiction cherchant à documenter le fonctionnement au sommet de l’État catholique.

Grâce à la mise en scène méthodique, presque clinique d’Edward Berger, les silences, les gestuelles, les bains de lumière sont éloquents, comme des fenêtres sur le réel dans ce huis-clos étouffant. Même si les rebondissements tiennent plus du théâtre de boulevard que de la fresque cinématographique ambitieuse, la plongée dans cet univers m’a fasciné. Cardinaux et religieuses, un rien grotesques et désabusés, donnent à cette histoire de lutte intestine pour le pouvoir une résonance politique, sinon universelle.

9 | « Vampire humaniste cherche suicidaire consentant », film québécois d’Ariane Louis-Seize


Sasha est une jeune vampire avec un grave problème : elle est trop humaniste pour mordre ! Lorsque ses parents, exaspérés, décident de lui couper les vivres, sa survie est menacée. Elle fait alors la rencontre de Paul, un adolescent solitaire aux comportements suicidaires qui consent à lui offrir sa vie.

Mettre en images la difficulté du passage à l’âge adulte, ce n’est pas une idée novatrice, loin s’en faut. Ce qui fait la différence avec ce film, c’est qu’il est à la fois touchant et sincère, porté par deux comédiens dont la complicité naissante arrache des sourires. Le prisme du fantastique ici ne verse pas dans le décorum, mais renforce le propos, de manière aussi astucieuse qu’Alerte rouge de Pixar. C’est ce pas de côté qui permet à cette comédie de cerner quelque chose de l’état d’esprit de la jeunesse actuelle, tout en restant très « feel good ».

8 | « Dune 2 », film américano-canadien de Denis Villeneuve


Dans ce deuxième volet de l’adaptation du roman de SF le plus vendu au monde, Paul Atréides lutte à la fois contre et ses ennemis et sa destinée. Le prix à payer pour se sauver ? Devenir un tyran. Sans négliger l’aventure, le réalisateur Denis Villeneuve exploite intelligemment ici la dimension géopolitique et religieuse du roman, pour nous montrer de quelle manière vénérer une idée ou une idole mène au fanatisme.

Dune 2 est à la fois plus sombre et plus rythmé que le premier volet. Il y a aussi bien davantage d’audace formelle, avec une meilleure maîtrise de l’esthétique brutaliste, et des scènes de désert qui sont les plus belles que j’ai jamais vues au cinéma. Un long-métrage plus fou, plus affirmé qui offre une belle montée en puissance et surpasse le premier opus. Attention toutefois, le voyage dure 2h46, et ce film-somme, magistral et démonstratif, a les défauts de ses qualités : c’est un peu lourdingue comme le premier de la classe quand le prof pose des questions. La musique surexpressive d’Hans Zimmer n’arrange rien. Ceci mis de côté, ce Dune 2 est un tour de force tant le roman était réputé inadaptable.

7 | « Godzilla minus one », film japonais de Takashi Yamazaki


Le film se situe en 1947, alors que Koichi Shikishima, un ancien kamikaze survivant, tente de reconstruire sa vie dans le Japon en ruines après la Seconde Guerre mondiale, une nouvelle menace émerge : un gigantesque monstre, Godzilla, sème la terreur et la destruction.

Premier film japonais à remporter – à juste titre – l’Oscar des meilleurs effets visuels, ce récit d’aventures malin réinvente le mythe Godzilla avec des personnages incroyablement attachants, et son lot de scènes qui vous scotchent au fauteuil. Le réalisateur Takashi Yamazaki, qui a travaillé le scénario pendant la pandémie du Covid-19, s’est dit inspiré par l’anxiété mondiale et le manque de fiabilité du gouvernement. Pourtant, Godzilla minus one est plein d’un espoir sincère (utopiste?) qui fait ici toute la différence.

6 | All we imagine as lights, film franco-indo-italo-luxembourgo-néerlandais de Payal Kapadia


Sans nouvelles de son mari depuis des années, Prabha, infirmière à Mumbai, s’interdit toute vie sentimentale. De son côté, Anu, sa jeune colocataire, fréquente en cachette un jeune homme qu’elle n’a pas le droit d’aimer. Lors d’un séjour dans un village côtier, ces deux femmes empêchées dans leurs désirs entrevoient enfin la promesse d’une liberté nouvelle.

Grand prix du jury au festival de Cannes, le premier long-métrage de fiction de Payal Kadapia reprend les codes du documentaire, en tant que chronique de la vie nocturne des travailleurs de Mumbai. Des moments de pure réalité taillée au burin par la photographie de Ranabir Das, entre lesquels s’infiltre peu à peu un apaisant poème de sororité. La réalisatrice, dans un exercice de funambule entre douceur et douleur, nous donne à voir l’état de la société et du féminisme en Inde.

5 | Furiosa : une saga Mad Max, film australo-américain de Georges Miller


Cette cinquième itération de la saga pas comme les autres Mad Max, s’ouvre sur les dernières images du précédent volet avec Charlize Theron, qui y incarnait le rôle de la badass Furiosa. C’est pourtant un prequel de cette histoire que George Miller nous propose, avec Anya Taylor-Joy pour incarner (à la perfection) une Furiosa rajeunie. Dans un monde en déclin, la jeune Furiosa est arrachée à la Terre Verte aux Innombrables Mères et capturée par une horde de motards dirigée par le redoutable seigneur de guerre, Dementus. En traversant les Terres Dévastées, ils découvrent la Citadelle gouvernée par Immortan Joe. Alors que les deux tyrans se disputent la domination, Furiosa doit surmonter de nombreux défis pour retrouver le chemin de chez elle.

Moins centré sur l’action (…) ce blockbuster généreux n’en surplombe pas moins tous ses concurrents de 2024

Si l’effet de surprise du « choc visuel » du précédent Mad Max Fury Road, 2015) n’est pas réitéré ici, ce truculent long-métrage de vengeance à l’histoire simpliste en apparence, déjoue nos attentes pour mieux développer une histoire dont la richesse se suffit à elle-même, tout en donnant de la profondeur aux films qui l’ont précédé (Coucou Marvel). Moins centré sur l’action, mais offrant de beaux morceaux de bravoure ainsi qu’un jeu de piste méta pour donner à réfléchir, ce blockbuster généreux surplombe tous ses concurrents de 2024 et dévoile chez George Miller une méconnue palette de sentiments, sous la crasse du post-apocalyptique.

4 | The Substance, film américano-franco-britannique de Coralie Fargeat


Elisabeth Sparkle (épatante Demi Moore), vedette d’une émission d’aérobic, est virée le jour de ses 50 ans par son patron à cause de son âge jugé trop élevé pour la suite de sa carrière. Elle reçoit une proposition inattendue, celle d’un mystérieux laboratoire lui proposant une « substance » miraculeuse : si elle se l’injecte, elle deviendra « la meilleure version » d’elle-même, « plus jeune, plus belle, plus parfaite » grâce à une modification d’ADN.

Le genre du « body horror » est ici l’objet d’une démonstration jubilatoire sur la mort, la solitude

Faire face à sa vieillesse à Hollywood, royaume de la jeunesse éternelle ? Ce thème vu et revu, qui aurait pu être plat comme les derniers épisodes de la série Black Mirror, est développé ici brillamment. Le « body horror », sous-genre du cinéma d’horreur qui expose des violations graphiques ou psychologiquement perturbantes du corps humain, est ici l’objet d’une démonstration jubilatoire sur la mort, la solitude. Élizabeth et son double se jettent à corps perdus dans un sourd déni, qui n’a d’autre prétention que d’être un reflet de notre propre vanité. Un film « premier degré », au fond et à la forme parfaitement synchrones, qui prouve par l’excès (un déluge de couleurs et de matière). La réalisatrice Coralie Fargeat, par des emprunts bien sentis à Carrie, A scanner darkly…. lie de manière inédite les univers des cinéastes David Cronenberg et John Carpenter. On parlera longtemps de ce film, et il le mérite.

3 | Emilia Pérez, film français de Jacques Audiard


Surqualifiée et surexploitée, Rita (interprétée par Zoe Saldana) use de ses talents d’avocate au service d’un gros cabinet plus enclin à blanchir des criminels qu’à servir la justice. Mais une porte de sortie inespérée s’ouvre à elle, aider le chef de cartel Manitas à se retirer des affaires et réaliser le plan qu’il peaufine en secret depuis des années : devenir enfin la femme qu’il a toujours rêvé d’être.

Jacques Audiard filme son casting de grandes actrices (…) comme s’il sondait leur âme

Ce long-métrage, qu’on pourrait prendre pour une version modernisée de Volte face à la lecture du pitch, est en fait l’un des plus personnels jamais écrits par le réalisateur. Porté par d’excellentes chansons signées par les Français Camille et Clément Ducol, Emilia Pérez est bien parti pour triompher aux Oscars (13 nominations, record pour un film non anglophone). Il s’inspire à la fois du roman « Écoute » de Boris Razon et de certains faits réels. Tout en sobriété, Jacques Audiard filme son casting de grandes actrices et acteurs comme s’il sondait leur âme. Comme pour nous donner le plus juste portrait des personnages, quand vient l’heure de juger leurs erreurs. Mention particulière à l’actrice trans Karla Sofia Gascón qui interprète le rôle titre. Avec ce film très juste sur les ravages de la violence masculine, Jacques Audiard confirme qu’il est un des plus grands cinéastes français en activité.

2 | Flow, dessin animé letto-franco-belge de Gints Zilbalodis


Dans un monde dont l’humanité semble avoir disparu, un petit chat noir tente de survivre à une montée des eaux généralisée. Alors que son foyer est submergé, il trouve refuge sur un bateau à voile. Très vite, de nouveaux compagnons le rejoignent. Ce film tout public est le grand gagnant du Festival international du film d’animation d’Annecy 2024 avec quatre récompenses dont meilleur film et prix du public. Récit d’aventure qui nous tient particulièrement en haleine, Flow a la particularité de ne comporter aucune parole, comme pour les films précédents de Gints Zibalodis.

Le long-métrage nous (…) confronte à notre comportement envers les autres habitants de la Terre

Si l’on se passionne pour cette histoire de survie et pour ses héros devenus amis par l’urgence de rester en vie, l’absence des humains dans ce film qui parle des conséquences du réchauffement climatique lui confère une charge émotionnelle incroyable. Sont-ce les humains qui se comportent comme des animaux, ou les animaux qui ont adopté un mimétisme humain ? Cette question m’a trotté dans la tête pendant tout le film et j’essayais d’imaginer les pensées de chaque protagoniste. C’est dire si l’identification est forte, si l’on craint pour l’existence de nos héros ! De péripétie en péripétie, et sous ses airs innocents, le long-métrage nous ramène à notre condition animale et collective, nous confronte à notre comportement envers les autres habitants de la Terre et à notre capacité à inventer l’avenir, sans avoir pu compter sur ceux qui en avaient la charge avant nous. Mention spécial au plan final, qui est le plus beau et triste à la fois que j’ai vu au cinéma en 2024. Un film magnifi

1 | Pauvres créatures, film irlando-britannico-américain réalisé par Yórgos Lánthimos


Bella (Emma Stone) est une jeune femme ramenée à la vie par le brillant et peu orthodoxe Dr Godwin Baxter. Sous sa protection, elle a soif d’apprendre. Avide de découvrir le monde dont elle ignore tout, elle s’enfuit avec Duncan Wedderburn, un avocat habile et débauché, et embarque pour une odyssée étourdissante à travers les continents. Imperméable aux préjugés de son époque, Bella est résolue à ne rien céder sur les principes d’égalité et de libération.

On jubile de voir Bella faire voler en éclats l’archétype de l’héroïne fragile

De tous les films que j’ai vus cette année, cette adaptation du loufoque roman d’Alasdair Gray est la plus belle des surprises. Une fable gothique au cœur changeant comme celle de son personnage principal, revenu à la vie telle une Frankenstein dans l’ère metoo. À chaque nouvelle bouffée d’air de Bella, le film nous éblouit de trouvailles de mise en scène, de soubresauts romantiques, surréalistes, steampunk ou rétrofuturistes. Cinéaste de l’excès, des ravages de la déviance dans les relations, Yórgos Lánthimos jongle avec aisance folle entre la science fantastique et la comédie noire. On jubile de voir Bella faire voler en éclats l’archétype de l’héroïne fragile tout au long de ce conte initiatique merveilleux épris de liberté et de révolte. UnBaron de Münchausen pour adultes dont on ne ressort pas tout à fait pareil.

Et vous, quel est votre top ciné 2024 ? Êtes-vous d’accord avec mon classement ? Dites-moi en commentaire, je veux tout savoir !

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