À voir | Label Valette, le festival qui repeint les barres d’immeubles

Jusqu’alors arborées de crépis orangé terni, les barres d’immeubles de
La Chaussée se parent désormais de rose, bleu, ou noir. Sept façades de ce quartier de Montargis (Loiret), d’une taille moyenne de 30 mètres de haut, ont fait un ravalement étonnant. À l’initiative de cette métamorphose urbaine, les organisateurs du Label Valette festival, dont la troisième édition s’est tenue vendredi 28 et samedi 29 août 2020.

Les réjouissances se déroulent à quelques kilomètres des barres d’immeubles, dans le domaine d’un château inhabité situé en zone rurale, à Pressigny-les-Pins. À chaque édition de la manifestation, des dizaines d’artistes se réunissent pour s’emparer des murs de l’édifice et des friches annexes, installées sur le terrain depuis plusieurs années. Le public peut venir observer le travail en cours ou le travail fini des artistes, en profitant d’une ambiance festivalière et musicale. Venez découvrir en images le festival et ses explosions de couleurs. Pour cette itération 2020, le festival a souhaité aller plus loin et investir un peu plus la ville de Montargis dans l’événement.

Ville dortoir et espaces urbains
Montargis, c’est le bout de la ligne R du Transilien. Une bourgade aux multiples facettes qui a souvent fait les gros titres dans la rubrique Faits divers. À dix kilomètres de l’Île-de-France, l’agglomération aux quelques 70.000 habitants est, en plus d’être une ville dortoir, un espace urbain où la jeunesse, omniprésente dans un quartier comme La Chaussée, tente de prendre l’air de ses tours, même hors temps de crise sanitaire.

Sébastien Lis, l’un des organisateurs du festival Label Valette.


Sébastien Lis est Montargois. Bien qu’exilé à Paris depuis de nombreuses années, il a gardé le lien avec son territoire d’enfance. « J’adore ma ville », dit-il sans pudeur. Cette affirmation peut surprendre d’autres jeunes de sa génération, qui ont souvent fui l’agglomération. « J’y ai trop de bons souvenirs, je pense qu’elle pourrait s’améliorer si elle le voulait », souligne Sébastien. Son ancien collège, le Grand Clos, est au cœur du secteur de La Chaussée.

Les parasols aux balcons
Ici, les tours forment un vrai labyrinthe. Les balcons s’arborent, l’été, de parasols colorés. Les odeurs de cuisine s’échappent des fenêtres et tout le monde se retrouve au Super U, centre commercial de proximité et lieu de rendez-vous informel pour toutes les générations du quartier, des trafics aux bavardages.

Le quartier de La Chaussée, à Montargis, vu depuis la déviation.


Le quartier de La Chaussée est la première vue montargoise donnée à voir à tout automobiliste qui arrive du sud ou de l’ouest. La déviation survole ce quartier considéré comme longtemps comme une verrue de béton. C’est cette vue a inspiré Sébastien. Il s’est dit que sa ville « méritait mieux ».

Sept façades d’un coup
L’an dernier, Sébastien teste l’idée d’embellir à sa manière les tours de La Chaussée en commençant par une façade du quartier, sans doute la plus visible depuis la déviation. Il invite pour l’occasion Bebar, artiste émérite de street-art, qui propose une forme clinquante et abstraite. En bas de la tour, les débats s’enchaînent. « Les avis étaient mitigés », se remémore Sébastien. Quelques mètres plus loin, il réitère donc cette année l’expérience, mais fois sept. Il mise à présent sur du figuratif. L’appel à projets déclenche de nombreuses candidatures.

L’Arche, de Perrine Honoré.


Parmi elles, celle de Perrine Honoré, illustratrice française habitant à Barcelone, qui s’essaye depuis peu à des surfaces de composition plus étendues. « Mais je n’avais jamais fait aussi grand », indique-t-elle. La jeune femme, qui a passé des instants uniques sur sa nacelle, perchée à plus de 20 mètres de haut, signe alors un arche de Noé revisité, dont l’interprétation appartient maintenant à chacun. « Tu offres ton process créatif aux gens », s’émerveille-t-elle. « Tu leur laisses ta pièce ». Son œuvre, haute en couleurs, est d’ailleurs la préférée de Kenzah et Amina, deux fillettes du quartier, qui aiment jouer en bas de la tour.

Work in progress
D’autres habitants, timides, viennent avec leur appareil photo, pour immortaliser la cure de jouvence de leur quartier. « On nous offre des cerises et de l’eau fraîche », poursuit Perrine. « Certains nous disent que nous regarder peindre, c’est mieux que la télé ». Sébastien Lis souhaite aller plus loin. « Il faut que les gens s’approprient ces fresques, et leur quartier en général. C’est pourquoi nous avons organisé des ateliers au pied des tours pendant l’été ». Une manière de créer du lien et de voir l’espace public comme un patrimoine à valoriser.

Juché sur sa nacelle, le duo d’artistes portugais Los Pepes s’attaque à sa façade.


En face de l’immeuble signé Perrine Honoré, le duo portugais Los Pepes s’attaque à sa façade, en espérant que la pluie ne vienne pas perturber le travail. Haute de 38 mètres, cette surface est impressionnante et inédite pour eux. « Nous avions fait que des immeubles de deux étages maximum », explique Maguy.
Inspirés par la thématique « Demain, c’est loin » donnée par l’organisation, les deux artistes ont choisi d’illustrer « les choses qui nous demandent de prendre du temps pour mieux profiter du présent ».

Peintures et nacelles tarifées
En deux mois d’été, c’est près de 3.000 mètres carrés de façades qui ont pris vie. Au château, sur le lieu du festival, c’est 8.000 mètres carrés de street art qui sont réalisés, pour mieux subjuguer les visiteurs du weekend du vendredi 28 et samedi 29 août.
Le budget total de la manifestation représente 185.000 euros, une somme presque doublée par rapport à l’édition 2019. La peinture coûte à elle 80.000 euros sont consacré à l’achat de la peinture. « Dans ce qui reste, une grosse partie est pour la location de la nacelle », affirme Sébastien.
Un investissement qu’il mesure mais dont les limites ne semblent pas exister. « J’ai plein d’idées, qu’elle soient pour l’univers street art ou pour les gens ». Une vague de couleurs sur le crépis, qui noiera peut-être l’image souvent décrépie de la ville.

René Brink, Embrasse la nature.


Tu te chauffes pour venir au festival ? Retrouve ici les infos sur Label Valette et sur sa programmation musicale éclectique.

Autrice invitée. Anaïs Rambaud, qui a signé pour Le Kulturiö le texte et les photos de ce reportage, est journaliste et dénicheuse de talents musicaux. Son terrain de jeu : le canal de la Loire et l’Inde. Contact : @rbdanais sur Twitter.

Photos et texte : Anaïs Rambaud. Tous droits réservés.

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