The Man in the High Castle (S1) – Critique

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Du nombre des amateurs de l’auteur Philip K. Dick, j’attendais avec impatience la version TV du roman Le Maître du Haut-Château, paru en 1962. Tonton Ridley Scott produisant la chose, n’en jetez plus : il fallait que je voie cette série.

Le genre de l’uchronie, déjà rare en littérature, l’est plus encore à l’écran. Sacré défi, s’il en est, de mettre en scène une « réécriture de l’Histoire », à partir de la modification d’un événement du passé (Et si Napoléon avait battu les Russes ? Et si Louis XIV n’avait pas révoqué l’Edit de Nantes ?).

La série, découpée en dix épisodes, est l’une des premières produites par le géant de l’Internet Amazon. Sur une plateforme de VOD payante à la Netflix, les prises de risques sont plus contrôlées, et un genre singulier tel que l’uchronie, mêlant histoire et fantasy, peut trouver son public. Avec succès d’ailleurs : une deuxième saison de The Man in the High Castle est déjà en production.

L’intrigue se déroule un monde alternatif dans lequel l’Allemagne nazie et l’Empire du Japon ont remporté la Seconde Guerre mondiale, et dresse un état des lieux dix ans après cette victoire.

Alors que le Führer Adolf Hitler est malade, les tensions politiques entre l’Allemagne et le Japon sont à leur comble. Dans cette ambiance de guerre froide, un groupe de résistants tente de récupérer de mystérieux films convoités par les deux camps.

Ces bobines présentent une victoire des Alliés durant la Seconde guerre mondiale. Films de propagande ou images d’un monde parallèle (le nôtre) ? Les images créées par le fameux
« Maître du Haut Château » créent le trouble dans les esprits. Peu à peu, chacun remet en question son existence.

Commençons par les points forts : il faut saluer l’excellent travail de « reconstitution » historique effectué sur cette série : décors, costumes, effets spéciaux, photographie… Une vraie patte graphique qui contribue à installer une ambiance digne des meilleurs films d’espionnage.

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La musique, bien que discrète, est particulièrement soignée, autant lorsqu’elle représente une Amérique alternative que lorsqu’elle devient figurative.
Et… c’est à peu près tout ce qu’il y a à sauver, hélas.

Visionnaire, mais mal exécuté
Parce qu’on ne sait pas où l’on va, ni les motivations des personnages, on a tout simplement du mal à s’intéresser à l’histoire. Les intrigues sont mal emboîtées les unes dans les autres, les enjeux mal énoncés… Si encore il y avait de l’action ou du suspense. Personnellement, je n’en ai pas vu beaucoup.

Beaucoup de longueurs, beaucoup de dialogues inutiles viennent plomber le récit. Les acteurs, tous très bons, en deviennent mauvais à force d’être enfermés dans des caricatures.

Et cette facilité scénaristique, jugez plutôt : utiliser l’amour comme principale raison d’agir des personnages. Dans une adaptation de Marc Levy, d’accord, mais chez Philip K Dick ça fait désordre.

En résumé : on se fait chier. Et on s’en désole car la fidélité au matériau d’origine est impressionnante. Problème : la mise en scène de The Man in the High Castle est ultra-classique. Même si ça s’améliore un peu en cours de route, on s’attendait à mieux pour un récit visionnaire qui interroge l’être humain sur la validité de ses propres combats.

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Retarder l’élément fantastique, vraiment ?

Frank Spotnitz, scénariste surtout connu pour X-Files, a « retardé l’élément fantastique le plus possible » dans la série. C’est une véritable erreur à mon sens, qui plombe l’ensemble de l’intrigue.
Dans le roman de Philip K.Dick, les héros sont à la recherche d’un mystérieux livre, pas de bobines de film. Pourquoi avoir modifié cet élément de l’œuvre d’origine si ce n’est pas pour s’en servir ?

Quand on modifie son récit pour le porter à l’écran, la puissance des images doit être totale. Inutile de la nier par snobisme, ou peur d’en faire trop. Un exemple avec Le Seigneur des Anneaux : quel intérêt aurait-eu le film à nous taire jusqu’à la moitié la menace représentée par Sauron ? Elle constitue le cœur de l’histoire.

Au lieu de s’inspirer du Seigneur des Anneaux de Peter Jackson, The Man in the high Castle a le mauvais goût de ressembler au Hobbit, et d’engluer son matériau d’origine dans des intrigues secondaires inintéressantes.

La fin de la série éveille tout de même un soupçon d’intérêt, mais il faudra s’envoyer huit heures de programme avant d’avoir un début de réponse (finalement, ce n’est pas si différent de X-Files…).

J’ai été bien surpris en rédigeant cette chronique de ne trouver aucun écho dans mes propos sur les Internets. Ai-je des goûts de chiotte ? Est-ce que les autres ont des goûts de chiotte ? Je vous laisse décider lequel de ces propos est une uchronie.

Cher lecteur du K, la prochaine fois promis, je chronique une série qui sera intéressante avant le 74ème épisode.

Une réflexion sur “The Man in the High Castle (S1) – Critique

  1. Bon ben on va voir ça… Enfin c’est vrai que si ça a été scénarisé par le mec de X-files ce n’est pas rassurant : cette série a trainé en longueur sans avoir de fin intéressante & spectaculaire. Alors…

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